- Oregon Trail a écrit:
J'ai beau toujours adoré cette attraction (les effets/AA sont en super forme !), pour moi cette réhab de 2017 a pas mal endomagé l'ambiance générale de l'expérience.
Pour moi la raison principale est la musique, élément à mes yeux hyper important. Celle-ci ne colle tout simplement plus a beaucoup de scènes/décors, là ou avant c'était une masterclass. Un simple rewatch de la version pré-2017 (youtube) suffit à voir tout ce qu'on a perdu
Je vais essayer de lister ça pour expliquer. J'ai mis les "pires" changements à mes yeux en gras :
(...)
L'attraction : avant la boucle musicale était omniprésente et cohérente. Elle a été supprimée a plusieurs endroits ce qui donne des scènes avec une impression de vide ou une ambiance qui change de scène en scène, ce qui rend l'expérience beaucoup moins immersive à mes yeux. Dans le détail :
- Le lift qui a perdu sa boucle triste mais à la limite comme c'est au début de l'attraction et qu'on ne sait pas trop ce qui nous attend c'est ce qui me gène le moins.
- L'attaque de l'Inferno. ça "passe" de mettre la musique des films ici car la scène est épique. Mais ce "switch" de musique en plein milieu de l'expérience nuit tout de même à l'immersion je trouve.
- La scène du maire/vente des femmes. La musique a été supprimée, on n'a plus que le petit flutiste qui accompagne... aucune musique. La scène reste très réussi grâce à la quantité d'AA et la qualité des décors, mais n'a plus le même effet sans musique pourquoi avoir supprimé la boucle musicale de la scène la plus impressionnante de l'attraction ?
- Homme au tonneau/duelistes/Vile en flamme : RAS c'est parfait, on retrouve l'ambiance originelle pendant 1 minute
- Les grotte/barbossa. Comme pour le lift, on a supprimé l'ancienne boucle pour une musique calme/sombre. Pour moi c'est le "switch" de trop. On a la boucle "joyeuse" juste avant et juste après. ça casse totalement l'immersion d'encore revenir dans une ambiance sombre. Et ça donne à Barbossa un effet cheap/trop mis en lumière qui ne serait pas là avec la boucle plus légère.
- Le trésor/Jack : RAS
==> en résumé l'attraction ressemble plus désormais à une succession de scènes distinctes là ou avant on avait une ambiance cohérente et un loop qui liait à la perfection les différente scènes. Maintenant ça fait sombre => épic => joyeux => re-sombre => re-joyeux
Et puis mince je trouve ça dingue que sur le plan technique la réhab de 2017 est un franc succès, mais sur la musique ils sont juste à côté de la plaque. On a un peu l'impression que les musiques sont là de manière aléatoires dans l'expérience ce qui donne un côté cheap par endroit.
Mais bon pour être clair l'attraction reste incroyable. Pour moi on est passé de 10/10 à 8.5/10.
- Oregon Trail a écrit:
Mais ce que je trouve dingue c'est que comme tu dis ils ont assombri la musique a pleins d'endroits alors que ça ne colle pas du tout avec l'expérience.
Et le seul endroit ou l'ambiance etait sombre (les prisons glauques) et bien ils ont viré l'audio angoissant alors qu'il y avait sa place.
Bref un vrai manque de maîtrise niveau musical là ou la version de 92 était un sans fautes
Bon j'y vais : j'ai quand même la sensation que ce tu qualifies d'
immersif et
cohérent est ici basé en grande partie sur "l'immersion dans un souvenir"
.
Si je me permets cette petite remarque c'est parce qu'une grande partie de tes interventions concernant DLP me semble axée sur la déploration du présent vis-à-vis du passé et que tu l'assumes totalement.
N'y vois donc pas une attaque, mais essentiellement un point de départ d'un échange, ou du moins d'une réflexion sur le sujet, plus qu'une question de personne.
Évidemment on peut préférer le passé, enfin le sien, mais la nostalgie ne me semble en rien une manière d'évaluer la qualité ou la pertinence dans l'absolu : il s'agit davantage à mes yeux d'un étalonnage basé sur le souvenir, les sensations qui s'y rapportent et accessoirement le désir de les revivre à l'infini. Un repère temporel intangible lié à sa propre expérience. C'est tout à fait respectable, mais j'ai la sensation que ça revient souvent à s'éloigner de l'objet pour ce qu'il est, tant au passé qu'au présent. Surtout au présent.
C'est l'une des raisons pour lesquelles j'évite soigneusement ce genre de débat omniprésent sur tellement de fils ici, mais s'agissant de Pirates of the Caribbean je vais me laisser tenter : en effet, cette attraction est pour moi à la fois un souvenir d'une incroyable puissance lié à mes premières visites il y a fort longtemps, mais aussi l'une que j'apprécie le plus encore aujourd'hui.
Partons de ta remarque centrale en forme de reproche :
- Oregon Trail a écrit:
- "L'attraction : avant la boucle musicale était omniprésente et cohérente. Elle a été supprimée a plusieurs endroits ce qui donne des scènes avec une impression de vide ou une ambiance qui change de scène en scène, ce qui rend l'expérience beaucoup moins immersive à mes yeux."
Cette boucle, ou n'importe quelle boucle d'ailleurs, à fortiori omniprésente, sera forcement perçue comme cohérente : c'est juste une conséquence mécanique de la notion même de boucle et d'omniprésence.
Que l'on pourrait tout aussi bien qualifier de répétitive et monotone selon l'angle d'approche, voire paresseuse
(je force le trait pour la compréhension). Ce qui est différent d'une
construction cohérente.
Je m'explique : si l'on met n'importe quel motif partout, on trouvera ça forcement
cohérent. Or pour moi et dans ce contexte, la cohérence est le produit d'une juxtaposition d'éléments
différents élaborés pour qu'ils soient
cohérents entre eux. Ce qui est totalement différent de dupliquer un motif à l'infini et d'en déduire par là même une cohérence de fond.
Mettons de côté le son : nous serons peut-être d'accord sur l'idée que le ride entier de Pirates of the Caribbean est visuellement cohérent parce que justement ses scènes sont à la fois
différentes mais conçues de manière à présenter un tout thématique et esthétique harmonieux, cohérent.
Or proposer sur un si long parcours des ambiances sonores tout autant différentes est à mes yeux une amélioration décisive ET cohérente avec le ride.
On peut apprécier ou non ces modifications pour ce qu'elles
sont mais pas sur le registre d' une perte de cohérence juste parce que la boucle musicale a changé et ne serait plus la-même-tout-le-temps.
Celle du premier lift actuel est pour moi un angle mille fois plus impactant positivement dans le contexte narratif et la dramaturgie que de dérouler la même avant, pendant et après.
Après le "sas" de la tranquille balade nocturne extérieure au son des grillons, cette apparition progressive d'orgues gothique en simultané avec l'arrivée près des remparts, puis un changement radical de décor, d'environnement et même de position du visiteur crée une tension, voire une grandiloquence qui sied parfaitement avec la scène tout fait spectaculaire de cette ascension intérieure sur une cascade rugissante bordée de chaines cliquetantes, sous les regards d'innombrables rats.
L'illustrer avec la musique gentillette toum-toutoum en forme de boucle sans véritable rupture de ton serait pour moi résolument destructeur et incohérent. C'était peut-être auditivement perçu comme cohérent avec l'avant et l'après (puisque c'est la même haha) mais ça ne l'est pas avec le parcours et la succession des scènes à fortes identités qui, comme tout bon dark ride, se doit de changer à chaque virage.
D'ailleurs, après une vision fugitive et lointaine de la bataille en forme de promesse, on enchaine immédiatement par un parcours dans une prison inondée, les chats qui pleurent etc. le tout louchant davantage du côté de l'imagerie gothique que de la franche rigolade avinée.
Le calme avant la tempête, celle qui vient avec la grande chute qui nous propulse au beau milieu de la bataille. Rupture, surprise, choc, fracas des combats, introduction à la cité. Ah ça pour du changement, c'est du changement ! C'est même là l'immense intérêt de ce ride d'une richesse folle.
Et il faudrait encore et toujours la même boucle ?? Comment une BO "épique" pourrait "nuire" d'une quelconque manière à cette scène et à la cohérence ??
- Oregon Trail a écrit:
- Les grotte/barbossa. Comme pour le lift, on a supprimé l'ancienne boucle pour une musique calme/sombre. Pour moi c'est le "switch" de trop. On a la boucle "joyeuse" juste avant et juste après. ça casse totalement l'immersion d'encore revenir dans une ambiance sombre. Et ça donne à Barbossa un effet cheap/trop mis en lumière qui ne serait pas là avec la boucle plus légère.
Là encore ça ne casse aucunement l'immersion à mes yeux. L'immersion n'est pas censée être une flux d'eau tiède à débit constant si le visuel ne l'est pas non plus. Comme la cohérence, l'immersion est pour moi censée plonger l'esprit dans la scène dans laquelle on est immergée.
La scène est différente : le son n'a strictement aucune raison de ne pas l'être aussi, différent.
Si on me plonge d'un coup dans une scène à connotation d'épouvante, mais illustrée par une mélodie mignonnette à la flute, là c'est incohérent et la conséquence en est une rupture de l'immersion.
Enfin quoi : on sort de la ville en feu peuplée de pirates avinés et rigolards poussant la chansonnette, et badaboum on dégringole dans le noir pour arriver dans une grotte sinistre et déserte où figure l'évocation d'un crâne, dans une ambiance sombre et bleutée pour ensuite enchainer sur la présence effrayante de Barbossa.
C'est bel et bien encore un contexte radicalement différent de la scène précédente, une rupture totale et une surprise voulues comme telles en nous propulsant, au sens propre comme au figuré, dans une tout autre ambiance.
Donc pour moi, c'était une aberration d'avoir une fois de plus la même boucle en passant devant le squelette au gouvernail, autant qu'elle le serait avec Barbossa.
Ca revient à
niveler le parcours (ce qui est bien différent, j'insiste, de la notion de cohérence), alors que l'objectif est justement de varier les ambiances, créer des ruptures, des surgissements surprenants, en particulier après les chutes.
Là encore pour moi il s'agissait bien moins de cohérence que de monotonie créant un affadissement et de la distance, c'est-à-dire tout le contraire de l'immersion.
D'ailleurs, si la scène de Barbossa pose un vrai problème à mes yeux c'est justement qu'elle ne tient pas vraiment compte de ce qu'elle est : après la chute et l'arrivée dans la grotte, la bande son devrait créer ensuite un choc dont le climax serait le coup de tonnerre et l'apparition du pirate. Or là il ne se passe rien et Barbossa mouline dans un quasi silence, ce qui pour moi nuit gravement à la dramaturgie et donc l'impact de la scène.
Bref, non, pour moi l'immersion et la cohérence ne sont pas conditionnées par la répétition ou l'absence de ruptures ou des ambiances différentes.
Et encore moins par le souvenir ému des jeunes années ^^ (je taquine). Si l'on souhaite une balade en bateau en forme de berceuse omniprésente, distanciée et contemplative sans aucun climax ni ruptures, "it's a small world" est là pour ça.
Pirates of the Caribbean joue une carte résolument différente : celle d'un parcours scénarisé d'inspiration cinématographique qui donc, oui mille fois oui "
change de scène en scène", avec surprises et ruptures, et non un manège en barque devant un catalogue de jolis décors présentés sur un fond musical unique.
En cela, je trouve l'update de 2017 en tous point positive ET cohérente avec ce que propose le parcours, le rendant plus immersif et même plus proche de l'esprit du ride tel qu'il est présenté dans les faits, cette version ample de DLP qui est tout particulièrement spectaculaire et aboutie dans sa répartition des scènes et des lifts/chutes.
Après oui, tout est affaire de ressenti et de goût, chacun a parfaitement le droit de préférer ses souvenirs comme point de référence central, préserver la mémoire de ses sensations de découverte, revendiquer la puissance de la nostalgie, oui bien sûr. On peut aussi regretter (ou pas) l'inclusion de licences, décréter 1992 indépassable
forever and after, mais pour moi ce n'est déjà plus le même sujet.
Mon propos n'est pas de convaincre ou de se mettre d'accord à tout prix, ça n'aurait aucun intérêt à mes yeux. Il s'agit simplement d'exposer une vision différente et des éléments autres que des affirmations péremptoires basées sur des arguments qui m'apparaissent parfois biaisés ou discutables.
Par définition on ne vit qu'une fois la première fois haha, et je n'aurai jamais la même impression de Pirates of the Caribbean (entre autres) que lors de ma première visite. Pourtant, il me semble possible de mettre à profit l'éloignement de la surprise initiale pour tenter une approche plus distante de ses propres sentiments initiaux, sans pour autant les minimiser. Ce qui ne signifie aucunement prétendre à une quelconque "objectivité", surtout pas ici haha.
Les premières découvertes sont pour chacun des trésors à préserver, mais il me semble dommage d'en faire des totems indépassables célébrant des créateurs supposés infaillibles, d'en faire une référence d'évaluation ultime, comme une manière de fermer définitivement la porte derrière soi.