Et voilà vous l'attendiez ! Le chapitre 2 de Dark Side of The Mirror !
Je remercie Louloutz encore pour L'illustration de ce chapitre !
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Chapitre 2 – Mesdames et Messieurs et vous les Enfants !
Je me réveillai doucement dans le train. La lumière du soleil venait de pénétrer telle une flèche dans mes pupilles agrandies. Je venais de rêver du plus beau jour de ma vie, enfin pour l’instant. Que faire de mieux ? Depuis cette fameuse journée durant laquelle j’avais pu poser un pied dans l’entreprise Disney, tout s’était emballé. 3 semaines plus tard je recevais un mail : « Offre D’emploi – Corentin Hélias ». Confirmé puis renvoyé, on m’informa que je devais en ce 3 juillet, arriver pour prendre mon studio aux boiseries et ma location. Et donc me voilà ! A quelques minutes du de la Gare SNCF de Chessy/Marne-la-vallée. Comme à mon habitude, dans mon monde, je ne faisais pas trop attention aux personnes qui m’entouraient. J’avais mes écouteurs sur les oreilles, je fonçai. Le train s’arrêta et un flot continu d’inconnus sorti du train bousculant toute forme de vie civilisée. Je réussi tant bien que mal à m’extraire de cette horde humaines et sauvage.
L’avantage de la gare de Chessy, c’est que l’arrêt RER est exactement au même endroit. Desservie toutes les 5 minutes en période de pointe, je n’avais qu’à me déplacer d’une cinquantaine de mètres. Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que je n’arrive au bâtiment Fantasia pour la seconde fois. Plus confiant et souriant que jamais, je saluai les Cast-Members à l’accueil et essayai tant bien que mal de me repérer dans ce labyrinthe de couloirs. « Alors, service du logement… Service du logement où ça peut bien être ? » Me questionnai-je. Ce n’est qu’après avoir fouillé tout un étage de l’imposant bâtiment que j’aperçu enfin mon but. La porte tant convoitée était blanche. Un petit écriteau indiquait « Service Logement – Marisol Pierrick ». Je frappais timidement à l’entrée, ayant perdu tout mon entrain dans la recherche de cet endroit. Une voix puissante mais féminine m’invita à entrer. La femme qui m’accueilli dans son bureau était âgée de la quarantaine, avait trois enfant que l’on pouvait voir dans un cadre photo posé contre son ordinateur. C’était une femme forte et elle semblait apprécier son travail. Enfin c’était le sentiment qu’elle dégageait.
- Bonjour ! Lança-t-elle à mon égard. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
- Bonjour Madame, je m’appelle Corentin Hélias, je suis ici car je commence mon contrat demain et j’avais fait une demande de logement. L’avez-vous ?
La souriante femme se mit à chercher dans son ordinateur et acquiesça à ma question.
- En effet, vous avez le Studio 17 à la Résidence de la Boiserie. C’est à Magny-le-Hongre rue de la Boiserie. Vous avez de la chance ! Les studios étaient en rénovation il n’y a pas si longtemps…Vous êtes l’un des premiers à faire la « réouverture ». Pour ta Location dans le parc, il semblerait que tu sois à Fantasyland ? Tu connais ?
- Oui je crois…murmurais-je. Je ne vous cache pas que j’étais un peu déçu à ce moment-là de mon existence. Mais mes sensations n’étaient qu’un détail. Je travaillais enfin à Disneyland Paris !
- Tu verras ! C’est super, les enfants et tout ! Elle émit un rire cristallin qui me perturba un peu. Je ne savais quoi penser. Faisait-elle de l’humour ?
Elle imprima un document et me le tendis, accompagné d’une carte magnétique m’expliquant que, sans cette carte, je ne pourrai plus rentrer chez moi. Celle-ci me servira de clé pour la chambre que je venais d’acquérir. Tendant la main comme pour avoir ses émoluments, elle me demanda les 200€ de caution et je pu m’en aller, non sans recevoir un dernier sourire de cette femme que je ne reverrai sûrement qu’à la fin de mon contrat.
Je sortais alors du bâtiment Fantasia pour emprunter la route qui me mena aux Studios. C’était une douce matinée de Juillet et, hors de Paris, je ressentais comme une nostalgie de mon petit village. Grâce à la technologie des transports en commun, je dois dire que le trajet fut très rapide, ainsi, au bout de 10 minutes de RER, j’arrivais devant la Boiseries. Cet immense zone résidentielle était louée à l’année par Disneyland afin d’y loger ses employés saisonniers. Je pris mon courage à deux mains, respirai un bon coup, et m’avançait vers la résidence N°1.
La neutralité des murs et de la décoration d’intérieur me sauta à la gorge tant leur normalité faisait contraste avec le Jardin de l’extérieur. Je balayais la salle du regard. J’avais pris cette mauvaise habitude de jauger les gens avant de leur parler. Mon mutisme pouvait parfois être maladroit envers certaines personnes un peu... Sanguines.
Je me dirigeais vers le fond du couloir. « N°17… N°11, 13, 15, 17 ! Te voilà ! ». J’entendis alors des rires étouffés et, en me retournant, je pus voir un petit groupe de personnes m’observer telle une créature étrange. Après un bref regard dubitatif, je décidai de les ignorer tout bonnement.
Le studio était composé d’une pièce aux couleurs unies, avec un lit, une salle de bain, et un petit coin cuisine. Le tout semblait être très confortable. Je passai ainsi une partie de la journée à ranger mes affaires, essayer de capter internet sans succès, installer mes effets personnels et deux photos de mes amis sur le mur près de mon lit. Et, alors que j’étais en train de me prendre pour Valérie Damido, quelqu’un vain frapper à ma chambre. Je décidais d’aller ouvrir, sans avoir eu une légère hésitation auparavant. La porte me laissa découvrir un garçon qui, à ma vue, me sourit de toute ses dents.
- Salut ! Je te dérange pas j’espère ? Il balaya la chambre du regard. Tu es entrain de t’installer je suppose...On ne t’a pas vu à midi alors on a pensé qu’on t’avait vexé. Je suis venu m’excuser pour ce matin. Je m’appelle Robin Faustin !
- Oh ce n’est pas grave. Dis-je, rassuré qu’on garçon fasse preuve d’un peu d’intelligence (Ce qui, je le pense, est une rareté de la nature). Je suis Corentin Hélias. Opérateur/Animateur d’Attraction à Fantasyland.
- Oh c’est cool ça ! Moi je suis à PM ! Lança-t-il tout sourire. Je fis imperceptiblement la moue. « Allez enfonces moi bien comme si je n’étais pas assez dégouter » Pensais-je. J’espère qu’on se croisera en Backstage ! Enfin… Si tu as pas disparu avant…
- Disparu ? L’interrogeais-je. Comment pourrais-je avoir disparu ? Ce n’est pas si grand que ça les Backstages.
Il rigola un peu et attendit quelques secondes. Puis, voyant qu’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie, il prit un air étonné.
- Quoi ? Me dis pas que tu es pas au courant ? Il parut limite offusqué que je ne me doute de rien.
- Au courant de quoi ? Je suis relativement nouveau dans l’entreprise. Il y a quelque chose qui me concerne ?
- Mais carrément ! Bon accroche toi bien. Il ferma la porte de ma chambre après avoir regardé que personne ne circulait dans le couloir. Il me fit assoir sur mon lit une place et commença à me conter une histoire bien singulière.
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- Il était une fois, dans le Royaume magique de Disneyland Paris, vivait une Jeune fille nommée Charlotte Walter. Heureuse de vivre, cette fille aux cheveux blonds et au distinctif ruban rouge était Cast-Member à Phantom Manor. On dit qu’elle était l’une des plus belles et mystérieuses filles qui existaient dans les Backstages. Cependant, cette fille avait une face cachée : Elle était folle. Une nuit, ses amies ont entendu des murmures qui venaient de sa chambre. Ils lui disaient « Viens…Viens…Rejoins nous de l’autre côté… ». La légende raconte que sa chambre était hantée par des esprits et que tôt ou tard, il lui arrivera quelque chose. Ainsi, il y a trois ans, jour pour jour, Charlotte ne vain jamais pointer alors qu’elle travaillait…Les Cast-Member retrouvèrent seulement son ruban rouge, flottant dans l’eau de Its a small World…Son corps quant à lui, ne fut jamais retrouvé. Disneyland étouffa l’affaire. Mais son âme est encore là, elle hante la chambre N°17. Chaque année, le Cast-Member qui vie ici fait de terribles cauchemars et fini généralement la saison à l’hôpital. Enfin c’est ce que dit la légende…Après libre à toi d’y croire ou pas. Ça fait peur hein ? Termina Robin avec un grand sourire.
Je pris quelques instants pour réfléchir à ce que je venais d’entendre. Une légende est parfois à moitié fondée. Il y a sûrement du vrai dans ce que me disait Robin…Mais malgré cela, je n’en croyais pas un mot.
- Quel est ton opinion là-dessus ? Le questionnai-je avidement. Parce qu’il faut avouer que ton histoire fou un peu la frousse mais ce n’est qu’une légende…Robin réfléchi et me répondit d’un air sérieux.
- Mmhhh, je ne peux pas trop te dire. Pour moi c’est claire, quelque chose l’a enlevé mais je pense que tout ça est faux, elle a juste craqué voilà tout. Enfin c’est qu’une légende hein, tu as pas à t’en faire pour ça ! Par contre si tu fais des cauchemars ou vois des trucs tu me le dis hein, qu’on se marre un peu ! Ajouta-t-il en me donnant une accolade tout sourire.
Je dois vous avouer qu’à ce moment précis, j’avais quand même un peu peur. Je tournais le regard vers mon studio que je voyais maintenant comme une immense source de danger. C’est plein d’appréhension et d’angoisse que je me dirigeais vers la salle de restauration commune de la Résidence N°1 des Boiserie. Un long dédale de couloirs nous fit déboucher, moi et mon nouvel « ami », dans une grande salle remplie de bruit divers et de conversation. Tout ce brouhaha baissa de volume quand je débouchais dans la salle à la vue de tous. J’avais l’impression que tous les regards étaient rivés vers nous. Cette sensation étrange que vous avez, quand vous savez pertinemment que plusieurs paires d’yeux sont braquées sur vous, m’envahie. Ce n’était pas agréable…
Très vite ces impressions disparurent aussi vite qu’elles étaient venues. Le groupe d’amis avec lesquels trainait Robin nous invita à leur table avec des grands gestes. Le Brouhaha repris de plus belle, inondant la salle. Je fis ainsi la rencontre d’Héloïse, Mathieu, Damien et Nicolas, connaissances « Hors Disney » de Robin qui venaient tous les cinq de la faculté Paul Valéry à Montpellier. Toutefois, malgré la petite « blague » qu’ils m’avaient faite en arrivant, ils s’excusèrent et, à la fin de la soirée, je fus quasiment intégré à la petite bande. Tous travaillaient sur le Parc ou dans les Studios, mais aucun sur Fantasyland. Je fis de nouveau la moue et, malgré cette microscopique mauvaise nouvelle, la soirée passa très vite. La fatigue du long chemin fini par se faire sentir. La petite bande sortait sur Paris cette nuit boire quelques coups et comptait revenir assez tard. Quant à moi, non encore habitué à cette manière de vivre très Disneyenne, j’allais me reposer, jugeant que le lendemain serait une grosse journée.
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Je ressortais ainsi de la salle entamant la quête de retrouver ma chambre dans ce labyrinthe de couloirs. Les bruits finir par s’atténuer au fur et à mesure que je m’éloignais du restaurant. J’étais seul dans les longs dédales et la nuit était tombée dehors. Il pleuvait. Le bruit des gouttes d’eaux contre les vitres au bout des corridors était distinct. Et, soudainement, le silence tomba. Plus un bruit ne se fit entendre alors que j’étais seul dans le long couloir menant à ma chambre que je trouvais, après réflexion, anormalement long. Mon cœur s’accéléra un peu, mon souffle se fit plus court. Je pouvais entendre, entre les courbes du silence, ma respiration. J’avais soudainement, l’horrible sensation d’être épié. Je n’osais bouger tant cette sensation me paralysait. Puis, alors que l’adrénaline montait en moi, la lumière du couloir s’éteignit. Dans un noir quasi absolu, l’on ne pouvait distinguer qu’une légère lumière, provenant sûrement de la lune, au travers des fenêtres. Le couloir était silencieux…Aucun bruit ne parvenait à mes oreilles. Seul le rythme accéléré des battements de mon cœur semblaient faire écho au néant. Subitement, j’eu l’impression d’être en danger. Quelque chose se tenait derrière moi. Je sentais sa présence. Je me mis à courir dans le couloir pour retrouver ma chambre alors que celui-ci semblait s’allonger au fur et à mesure de ma fuite. Le corridor devenait de plus en plus long comme si les murs qui m’entouraient avaient décidé de s’étirer. La course me parut durer plusieurs longues secondes jusqu’à ce que j’atteigne enfin l’entrée du Studio N°17. Je claquais la porte derrière moi et verrouillais la pièce. Tremblant, je pris la chaise à mon bureau pour la placer sous la poignée. De cette manière, personne ne pourrai rentrer dans la chambre sans mon autorisation. Je me postais devant la porte, la fixant du regarde comme si elle était un chien prêt à mordre. Je reculais en même temps, pas par pas jusqu’à mon lit. Puis, lorsque je fus certain que rien ne m’arriverai, je poussai un long soupire en essuyant la sueur qui coulait sur mon front d’un revers de la manche. J’eus du mal à me calmer. Ce n’est qu’après une douche chaude que je pu relativiser mon expérience. Après tout j’étais nouveau ici. Il était normal que je fusse pris de légères paniques lorsque j’étais seul.
J’enfilai mon bas de pyjama et décidai de dormir torse nu. Il faisait chaud, même la nuit. Un peu de fraicheur ne pouvait que me faire du bien. Je bu un verre d’eau fraiche et m’assis sur mon lit. Je décollai l’une des photos sur le mur et la contempla mélancoliquement. On y voyait une jeune fille à la peau mate et un garçon blond aux yeux bleus tous deux souriant à pleine dents recouverts de neige. La photo avait été prise avec un polaroid trouvé dans un vieux grenier. Les souvenirs liés à cette photo me submergèrent. Je la regardai quelques instants avant de la recoller au-dessus de mon lit. Je commençais une toute nouvelle vie à Disneyland Paris et demain serait un jour nouveau. Loin de mes amis et de ma famille. J’essayais de visualiser chacun de leur visage et de me remémorer tous les bons moments. La frayeur de la porte était passée, je m’endormis paisiblement me laissant aller dans les bras douillets de Morphée.
Cependant, la rêverie, bien vite, se transforma en cauchemar. Il était nuit, je courrais. Je remontais l’allée de Main Street, terrorisé par quelque chose d’inconnu. Les boutiques défilaient dans le coin de mes yeux et bientôt j’arrivai en dessous du Disney Hôtel. Celui-ci semblait être vide et délabré. Une ambiance mortelle flottait dans l’atmosphère. Une odeur de soufre envahie mes narines. Je toussais en secouant les grilles du parc qui semblaient fermées. Funestement, je me retournais face à mon ennemi onirique. Prêt à en découdre, j’ouvris les yeux. Toutefois, ce n’est que ma table de chevet que je vis face à moi alors que je me débâtais, trempé de sueur, dans les plis de mes draps. Un croissant de lune brillait faiblement dans le ciel parmi les étoiles. Je baissai les yeux vers le plancher, persuadé d’y avoir fébrilement vu quelque chose. Je me frottais les yeux plusieurs fois et me repositionnais dans le lit. Non évidement, ceci n’avait rien à voir avec la légende racontée par Robin… Je décidais d’oublier cette histoire pour me replonger dans un sommeil lourd et sans rêve jusqu’au matin.