Voici un "billet" d'un journaliste Belge
J'ai trouvé cela tellement bien écrit que j'ai juste eu envie de vous le faire partager
Salut l'artiste !
En rentrant au bout d’une soirée intense en activités au cours de
laquelle la rédaction de RTLinfo.be couvrit le direct de la cérémonie
d’hommage, traita, durant plus de cinq heures les commentaires
émouvants des internautes et découpa plus d’une vingtaine de vidéos
des meilleurs moments afin que ces derniers puissent les revivre dès la
nuit, j’ai soudain pensé « Merde Michael Jackson est vraiment mort ».
Et pour la première fois de la journée, l’émotion m’a enveloppé,
presque comme par surprise. Pourquoi cette surprise ? Après tout, nous
vous en parlions depuis plus d’une semaine. Et je me souviens de ces
mots revenant en boucle sur CNN : « Michael Jackson is dead ». Mais je
me rappelle aussi la stupeur de dizaines d’entre vous qui vinrent
immédiatement témoigner sur RTLinfo.be de leur incrédulité. Personne ne
voulait y croire. Le Net qui s’emballe sur une intox ? Un coup
médiatique ? Une incrédulité qui perdurait jusqu’à aujourd’hui,
jusqu’à la cérémonie. Même s’ils l’exprimaient sur le ton de la
boutade, de nombreux internautes disaient que Michael en étaient
persuadés: Michael sortirait de son cercueil tel un mort-vivant sorti
de Thriller: le show continuait. Signe indéniable du caractère irréel
et presque mystique, en tout cas sûrement mythique du personnage
Michael.Mais soudain, par deux fois, Michael redevint homme. Ce fut dans ma voiture au retour, alors que
Heal the world,
le dernier morceau, le générique de fin de la cérémonie, repassait sur
Bel RTL dans mon autoradio. Un générique où toutes les personnalités
qui avaient traversé la cérémonie au cours des deux dernières heures
réapparurent sur la scène, accompagnées d’enfants qui se tenaient au
premier plan. Ce fut aussi un enfant qui le premier, avant mon retour
sous la pluie, me dit au bout de la cérémonie, à travers ses larmes:
Michael est mort. « Daddy I love you ». Force de la vie, la
vraie vie face au star-system : on retiendra d'abord de toute cette
cérémonie, son épilogue. Paris, la fille de Michael Jackson (et peu
importe qu’elle ne soit biologiquement pas de lui), la dernière à
parler, la petite fille de 12 ans qui fond en larmes et dit, tout
simplement, « Papa, je t’aime ». Tout à coup, brutalement, comme par
surprise, Michael Jackson, l’enfant qui ne grandissait pas, tout à
coup, Michael Jackson, 50 ans, le visage usé par les coups de scalpel
d’une drôle de vie, devint un homme. Et soudain, par la bouche d’un
enfant, celui de sa fille, Michael devint un homme. Et il mourut. Et
sur scène, Paris entouré de toute sa famille, Janet la tantine et tous
ses oncles, pleurait alors qu’aux pieds de la scène, le corps sans vie
de son père, reposait dans son cercueil. Michael avait quitté la scène
de la vie, y laissant sa fille, sa famille et nous tous.Mais
Michael, bien entendu, restera vivant, sous sa forme artistique, celle
qui compte avant tout, que l’on voudra retenir au-delà notamment des
noires suspicions entourant certains comportements à Neverland. L’art,
cette expression noble de soi qui rend ses serviteurs immortels, qu’ils
soient chanteurs, danseurs, acteurs, sculpteurs, peintres,
dessinateurs,… Le réalisateur Francis Coppola (ou Martin Scorsese, je
ne sais plus…) disait qu’un artiste était celui capable de toujours
garder, protéger et entretenir son côté enfant dans son travail
artistique. Michael en est l’expression la plus exacerbée, quasi
surréaliste. Si aujourd’hui la disparition de Michael Jackson suscite
une telle vague d’émotions et d’intérêts, c’est avant tout parce qu’il
touchait la part d’enfance qui était en nous, parce que son image
semblait hors du temps, du vieillissement. Son sourire, sa timidité,
sa voix fluette quand il parlait, ses clips hors normes, ses chansons,
tout renvoyait à une part d’enfance en nous, en particulier la
génération des trentenaires qui connurent le Michael des années 80,
celui qui sortit de terre et de la poussière des tubes monstrueux qui
appartiennent pour toujours à notre inconscient culturel : Thriller,
Beat it, Billie Jean,...Michael Jackson est mort. Il est déjà
ressuscité : il chante actuellement sur MTV avec Paul McCartney (Say
say say) alors que j’écris ces lignes... Mais, alors que je veux
conclure ce texte, je ne peux m’empêcher de revoir l’image de sa fille
pleurant son père. Nous pleurons une icône, une sorte de playmobil qui
nous rappelle notre enfance, celle des rires, des moonwalk main sur la
tête comme pour retenir le chapeau imaginaire de Billie Jean, de la
veste rouge en cuir, de l'air dur de Beat it, celle où on est immortel.
Paris, elle, pleure un père, un homme fait de chair et d’os. Celui-là
est mort. Qu’il repose en paix alors que ses chansons vont encore
longtemps nous agiter et nous remplir de vies. Telle est la magie de
l’homme. Et de cet homme-là en particulier.
Article rédigé par :Fabrice Cecchi RTL Info